Chers lecteurs,
Le Quatuor Agate est né d’un concert qui n’a jamais eu lieu.
En octobre 2015, Adrien, Thomas, Raphaël et Simon habitent tous quatre à Berlin. Certains y sont fraîchement installés, et d’autres déjà familiers de son bouillonnement culturel, de son éclectisme musical et de sa physionomie en constante métamorphose.
C’est en automne donc, que Raphaël reçoit une proposition de concert en Corse, prévu pour l’hiver. Il la transmet au Quatuor Agate, qui n’est alors qu’une somme d’individus aux activités musicales distinctes, mais néanmoins liés d’une amitié solide.
C’est un oui unanime, motivé par la perspective de faire résonner la musique de Schubert et de Mozart dans une église de montagne Corse,
et également d’échapper au froid et à l’obscurité qui transfigurent Berlin à cette période de l’année.
Les répétitions commencent, les semaines passent, et personne ne se doute qu’au même moment, sur l’île de Beauté, le projet de concert qui a réuni les quatre amis tombe doucement dans l’oubli.
Lorsque Raphaël tente d’entrer en contact avec les organisateurs, il n’a plus pour interlocuteurs que des répondeurs automatiques et des sonneries sans fin,
qui le forcent finalement à abandonner, et à annoncer aux autres qu’il n’y aura pas de concert.
Mais ce concert fantôme a laissé derrière lui une pousse.
Pour lui, le Quatuor Agate a trouvé un nom, celui d’une pierre, et aussi celui du second amour de Johannes Brahms, et donné lieu à de multiples répétitions, au cours desquelles la passion du Quatuor à Cordes et de son vaste répertoire a pu prendre racine.
Au printemps ils font la rencontre d’Eberhard Feltz. Au cours de longues séances de travail, il les initie à la dialectique de Haydn, à la richesse harmonique de Bartok, et à la puissance métaphysique de Beethoven.
Ils réalisent que s’ils veulent se plonger dans cette discipline aussi profondément qu’elle l’exige, et malgré tout continuer à aller au cinéma de temps en temps, il va falloir quitter les académies d’orchestre qui les avaient amenés à s’installer à Berlin.
C’est à la suite de cette décision que s’organise la première tournée de concerts du Quatuor Agate.
Une tournée en Corse, parce que c’est là que ça devait commencer.
Depuis, il y a eu des concerts et des tournées sur plusieurs continents, dans des festivals qui ne sont pas en Corse mais à Verbier, Venise, Melbourne, Montréal…
Ils se sont installés à Paris et y partagent ce quotidien singulier, où le travail collectif transcende les qualités de chacun, et où se renforce en eux un appétit toujours croissant de faire de la musique ensemble.